Auteur Sujet: Grillade de mouton  (Lu 16895 fois)

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Grillade de mouton
« le: 16 juin, 2004, 14:13:03 »
Chapitre 2 :
Grillade de mouton



Résumé:
Le lendemain du terrible mercredi, Bilbo découvre que les Nains sont partis sans lui. Malheureusement, Gandalf arrive pour lui annoncer que les Nains l'attendent plus loin. Bilbo n'a plus le choix et doit partir en catastrophe. La compagnie quitte donc la Coline sur le dos des poneys. Nos amis traversent donc la Terre du Milieu sans problème, jusqu'à un soir de tempête où les Nains se retrouvent sans provisions ni feu et sans Gandalf (disparu on ne sait où). Un feu de camp proche semblant prévoir de bonne chose Bilbo ets envoyé en éclaireur. Il rencontre alors 3 Trolls des Montagnes affamés. Les uns après les autres, les Nains tombent dans les pièges des Trolls, et ce n'est que grâce à l'arrivée secrète de Gandalf pour semer la discorde entre les Trolls, que la compagnie est sauvée. Ils découvrent alors, après que les Trolls soient statufiés par la lumière du jour, la cachette de ceux-ci, pleine de provisions. Après s'être rassasiés et reposés, les compagnons reprennent la route

Personnages et lieux :
Les articles des personnages déjà presents dans les chapitres précédents ne sont pas repris ici. Pour voir les infos rajoutées, referrez-vous aux lexiques.

William : un troll de montagne. Il est aussi appelé à plusieurs reprises Bill. C'est lui qui pousse ses deux compagnons à descendre des montagnes. Il est plus calme est reflechi que les 2 autres trolls. De plus il possède un porte-monnaie malicieux (celui que Bilbo tente de lui voler).
Bert : un troll de montagne. Il apprécie peu les décisions de son compagnon William. Lors de la capture des Nains, il se fait abîmer un oeil par Thorïn.
Tom : un troll des montagnes. Lorsque ses deux compagnons se battent, il tente maladroitement de les calmer. Il pert une dent de devant en voulant captuer Thorïn.
Dragon Vert : l'Auberge de Hobbits où les Nains donnent rendez-vous à Bilbo le jour de leur départ. Elle se situe à près d'un mille de l'Eau.


Commentaire :

Après un premier chapitre des plus joyeux et fins, Tolkien nous fait glisser lentement vers l'aventure.  L'humour reste toujours là, présent. Mais en vérité, il est bien plus fort, malgré les circonstances plus graves...La scène des Trolls, qui est même rappelée dans le Seigneur des Anneaux, en est une preuve irréfutable...Mais surtout d'une façon habile, Tolkien introduit à present la trame de l'aventure et les premières peripéties apparaissent.


I/ L'avancement dans le récit
"Grillade de mouton" est le 2° chapitre de Bilbo et on le rescent. En effet la première phrase de ce chapitre nous remet directement dans l'ambiance et est tout à fait fluide par rapport au 1° chapitre, c'est une continuité remarquable. Ce 2° chapitre apporte les premières actions et péripéties du livre. En effet, le Hobbit quitte enfin son trou pour commencer le voyage avec les 13 Nains et Gandalf...Ce chapitre est donc surtout un chapite de transition... Le 1° chapitre nous mettait dans l'ambiance et posait le décor, le 2° débute l'aventure avec la péripétie des Trolls et le début du voyage...Ainsi, on passe d'une situation initiale au début du noeud de l'histoire qui serra plus développé dans le 3° chapitre surement...


II/ Le comique et les péripéties dans le chapitre
Tout d'abord l'on peut découper les péripéties du chapitre en 3 phases :
1) Départ précipité de Bilbon
2) Ses premiers regrets avec le mauvais temps
3) L'épisode des Trolls

1° phase :
Si plusieurs pages de ce chapitre sont consacrées au départ de Bilbo avec les Nains, ce n'est pas par hasard. Ce passage nous apporte des nouvelles idées et nous permettent à nouveau de sourire. Bilbo, est un personnage reelement anti-héros ici, avec ses gémissements et ses cris, ses peurs pour ne pas avoir pris son mouchoir et sa canne...Ainsi le caractère douillet et bourgeois de Bilbo est accentué et le personnage en est d'autant plus sympathique au lecteur, qui compatit pour ce pauvre Bilbo, forcé de partir en voyage sans ses mouchoirs !!!

2° phase:
En vérité, le temps passe d'abord vite pour Bilbo comme l'on peut le constater et celui-ci s'habitue même à l'idée d'être dans une aventure..Jusqu'à ce que le temps empire . Ce changement, si naturel qu'il soit, provoque un retournement d'humeur et permet à Bilbo de penser à son chez-lui et à Tolkien d'introduire un passage qui sera tant de fois répété tout au long de l'oeuvre ("Je voudrais bien être chez moi au coin du feu dans mon gentil trou,  avec la bouilloire en train de commencer à chanter!  Ce ne devait pas être la dernière fois qu'il se dirait cela" p.39 Edition Livre de Poche)..Dans cet enivronnement mausade, l'apparition du feu provoque la première péripétie.. Il semblerait qu'il soit temps pour Bilbo de montrer sa qualité de cambrioleur et d'être à la hauteur des esperances de Gandalf (en tout cas voilà ce que pense notre cher hobit)...

3° phase :
Durant tout ce passage il semble au lecteur que le côté Took et Baggins de Bilbo se mélangent : en effet, notre petit "anti-héros" est mort de trouille et pourtant fait des actions pleines de courage...
Le caractère comique du conte qu'est "Bilbo" est ici tres fort... La scène des Trolls semble en effet si importante qu'elle est même racontée dans le Seigneur des Anneaux...En tout cas les trois Trolls qui apparaissent dans cette scène sont des plus amusants...Mais d'où vient donc le comique de ces Trolls qui nous fait sourire ? Je pense tout simplement que les chamailleries de ces 3 compagons (frères?) sont si caractéristiques et reconnaissables, malgré le contexte peu habituel, que cela prête au sourire. Je m'explique : une caractérisation des facettes de chacun des Trolls (un William plutôt pacifique par exemple), ainsi que leur goûts (differentes façon de faire cuire des Nains), et leurs prénoms sonnent tres anglais aussi (attachement plus facile au personnage)...Un peu plus loin dans la scène, l'arrivée un par une des Nains est aussi tres comique et fait écho au 1° chapitre avec l'arrivée des Nains chez Bilbo, malgré le contexte dramatique ici...Le vol de Bilbo, la capture des Nains et le sauvetage de ceux--ci par Gandalf forment alors la première phase de péripéties et entament doucement le chemin vers l'aventure...


III/ La préparation de la suite
Ainsi lorsque les Trolls se retrouvent sous forme de pierre, les Nains sont alors liberés, et ils peuvent tous ensemble récupérer quelque nourriture et autre. Et c'est ainsi que le 2° chapitre se finit : le deuxième départ de nos amis. Et les derniers mots de ce chapitre sont remarquables ("-Merci,  dit Thorïn"), car un nouvel aspect si l'on peut dire de Thorïn, personnage important, peut-etre abordé alors : l'humilité.
« Modifié: 16 juin, 2004, 16:09:17 par Forfirith »
Forfirith
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Grillade de mouton
« Réponse #1 le: 20 juin, 2004, 14:03:44 »
Pas mal du tout ton intro Forfi ! Très compléte concernant les évenements de ce deuxième chapitre.

Moi il y a vraiment quelque chose qui m'intrigue c'est le fait que le troll William se fasse aussi appeler Bill, pourquoi Tolkien lui a t-il donné 2 noms ? Dans quel but ?  :huh:  

Sinon il y a un passage qui m'a beaucoup fait sourire car une fois encore il montre le caractère très espiègle et mysterieux de Gandalf, c'est lorsque Thorïn lui demande à notre cher magicien comment il a fait pour arriver juste à temps lors de l'attaque des Trolls :

" - Où étiez vous donc allé, si je puis me permettre de vous le demander ?
- Jeter un regard en avant.
- Et qu'est ce qui vous a ramené juste à temps ?
- Un regard en arrière. "

On peut noter aussi qu'à cette réplique Thorïn répond avec ironie : " Bien sûr ! " C'est vraiment étrange cette relation Gandalf/Thorïn car Thorïn se croit toujours superieur aux autres et par conséquent à Gandalf et pourtant on sent qu'il l'admire et qu'il peut parfois avoir des moments d'humilité avec lui comme le souligne Forfirith. Inversement Gandalf est souvent moqueur par rapport à Thorïn pourtant il le tient en grand respect.

Un passage très drôle aussi lorsque Bilbo est devant les Trolls et se dit qu'il faudrait peut être faire quelque chose et qu'il se met à passer en revue tout ce que devrait faire un vrai cambrioleur et que pour finir il n'en fait aucune. Ce passage montre encore une fois que Bilbo est vraiment unique.
« Modifié: 20 juin, 2004, 14:05:09 par Ancalimë »
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Grillade de mouton
« Réponse #2 le: 20 juin, 2004, 17:20:16 »
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Moi il y a vraiment quelque chose qui m'intrigue c'est le fait que le troll William se fasse aussi appeler Bill, pourquoi Tolkien lui a t-il donné 2 noms ? Dans quel but ?  :huh:  

 
Bill est souvent considérépar les Anglais comme une abréviation de William. C'est pour cela que Tolkien a usé de ce nom ici. Le but, dis-tu? Eh bien le franc- parler des pubs anglais laisse souvent place à la familiarité et cela depuis tout temps.
Tu m'a compris Anca? :unsure:
Admirable Forfirith tu t'es bien investie dans l'étude de ce chapitre, je n'ai rien à ajouter pour ma part.

Hors ligne Ancalimë

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Grillade de mouton
« Réponse #3 le: 20 juin, 2004, 19:29:47 »
Merci Dalian ! Voilà qui m'éclaire ! Je n'étais pas du tout au courant de ce genre de choses...   ;)  
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Grillade de mouton
« Réponse #4 le: 23 juin, 2004, 20:20:23 »
Mon Avis sur le Chap 2 :

La scène avec les trolls est vraiment une farce. Que d'évènements et répliques abracadrabrants !
On ne trouverait pas une telle scène dans le SDA. !

Les quiproquos et les réactions entre les 3 trolls ( avec Gandalf invisible ) ont tout des farces à la "Guigniol "

J'ai beaucoup apprécié et j'ai beaucoup ri.

Quelques Notes supplémentaires :

C'est dans ce chapitre qu'apparaissent les fameuses lames qui vont revenir régulièrement dans le Cycle de l'Anneau. Nous en apprendrons plus lors de l'étude du chap 3, de la bouche même de Maitre Elrond...  ^^
a suivre.

Quelques commntaires sur les remarques ci-avant :

Citer
On peut noter aussi qu'à cette réplique Thorïn répond avec ironie : " Bien sûr ! " C'est vraiment étrange cette relation Gandalf/Thorïn car Thorïn se croit toujours superieur aux autres et par conséquent à Gandalf et pourtant on sent qu'il l'admire et qu'il peut parfois avoir des moments d'humilité avec lui comme le souligne Forfirith. Inversement Gandalf est souvent moqueur par rapport à Thorïn pourtant il le tient en grand respect.

Je crois qu'on est en face de 2 rois sans royaume :
- Thorin est l'héritier des Rois sous la Montagne, et il est assez imbu de sa personne. Un peu à la manière bourrue et comique des nains. Susceptible, orgueilleux mais pas méchant.
( N'allez pas dire à un nain que vous avez sauvé son frère de la noyade en le retirant de votre pinte de bière... Ok, c'est pas drôle : je sors !  :rolleyes: )
- Gandalf aussi est un personnage important, un intendant plus qu'un roi... On le verra beaucoup plus dans le Cycle de l'Anneau. Et puis, Gandalf a son caractère, il est assez perfectionniste, et parfois acerbe; mais jamais dans l'intention de blesser. Son but est, je pense, de tirer le meilleur de chacun. Et c'est qqn qui a la foi : il croit que Bilbon se révèlera indispensable avant la fin de l'aventure et il croit Thorin capable de revendiquer son héritage et d'assumer ses futures responsabilités. C'est aussi pour cela qu'il le respecte.  :P

***********************************************************

Membres du TCGs, n'hésitez pas à participer ! Vous pouvez poster vos commentaires, vos avis, vos impressions sur le chapitre étudié ou sur nos commentaires.
L'étude est ouverte à tous. Profitez-en : il serait agréable d'avoir les avis du plus grand nombre de personnes possibles ! Que ce soit convivial et qu'on en aprenne le plus possible.
Même les plus petites remarques ont leur importance, alors n'hésitez pas !

Hors ligne Eärendil

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Grillade de mouton
« Réponse #5 le: 26 juin, 2004, 22:04:19 »
"""""Grillade de Mouton""""""

Je vient tout d'un coup, en relisant le chapitre, de penser a ca:

En fait le titre est un alusion a Gandalf et les membre de La compagnie dont fait parti Bilbo.
Les mouton seraient les Nains et Bilbo et Le berger serait Gandalf.
Le berger serait venu sauver ces brebis des méchent loup, en l'occurence les Trolls.

Par contre par erreur de recherche, et-ce que le SDA a été ecrit avant ou aprés Bilbo le hobbit? il me semble que c'est avant car les trolls pétrifiés sont bien ceux qui sont dans le debut du SDA, le communauté de l'anneau. C'est juste une petite correspondence comme ca ca ne fait pas de mal.
Splendide était ce merveilleux navire, il en sortait une flamme ondulante, vive et pure ; à sa proue était assis Eärendil, le Marin couvert de la poussière étincelante des gemmes, le Silmaril attaché à son front.

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Grillade de mouton
« Réponse #6 le: 26 juin, 2004, 23:06:06 »
Bilbon a été créé avant le SDA. Bilbon a été publié en 1936 et après le suucès du livre, l'éditeur commmanda à tolkien une suite : ce sera le SdA.

Tolkien mit un peu plus de 10 ans à achever ce qui devait être une simple suite... Nul n'avait prévu qu'il donnerait le jour à un cycle si long, avec des chants et poèmes en elfique, une dizaine de quêtes personneles emmêlés et enchevêtrés dans un récit habilement ficelé...  ^^

Dans le SdA, Tolkien fait référence aux trolls dans un clin d'oeil à Bilbo Le Hobbit et non l'inverse.

Tu dois confondre avec Le Silmarillion qui a été écrit à la pointe d'un crayon de bois et d'un vieux cahier dans les tranchées de la Somme puis complété en Angleterre entre 1917 et 1921.  ^^

************

Sinon, c'est en effet bien vu.

La référence aux moutons pour les nains et au berger pour Gandalf me semble très judicieuse.  :)  

Hors ligne Eleglin

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Grillade de mouton
« Réponse #7 le: 01 août, 2004, 13:18:32 »
Quelques questions pour débattre :

-> Gandalf a t-il réellement poussé Bilbon dans l'aventure ? où est-ce vraiment Bilbon qui a décidé de partir de son propre chef, car c'éait quelque chose qu'il avait en lui ?
Pourquoi un départ ausis précipité ? pas de garien, de jardiniers ?
Qui s'occupera de la maison ?
Est-ce encore une preuve de la fantaisie de notre héros ?

-> Comment les Nains ont-ils pu se faire prendre au piège si facilement ? 13 nains contre 3 trolls idiots ? Et pourquoi nos nains ne se promènent-ils pas armés alors qu'ils sont sur des routes dangereuses ?

-> Comment les Trolls ont-ils acquis des épées de Gondolïn ?

-> Que sont les Terres Solitaires, avec leurs ruines de chateaux ?
S'agit-il de l'ancien royaume d'Arnor, aujourd'hui abandonné, avec le mont Venteux... ?
 

Hors ligne eärwen

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Grillade de mouton
« Réponse #8 le: 05 août, 2004, 12:05:49 »
Hier, j'ai enfin reçu mon livre :D  :wub: Donc comme promis, je viens participer  :P

Citer
--> Gandalf a t-il réellement poussé Bilbon dans l'aventure ? où est-ce vraiment Bilbon qui a décidé de partir de son propre chef, car c'était quelque chose qu'il avait en lui ?
Je crois que comme le dirait Gandalf (dans La Communauté de l'Anneau) "il n'a fait que donner un coup de coude" à Bilbon. De nombreuses fois, la réaction du hobbit est dû à son "coté de Took" : son côté aventurier et un peu "fou fou".  

Bilbon n'a pas décidé consciemment, je dirais, de partir dans cette folle aventure. Mais au fond de lui, il a toujours eu cette petite partie de lui, cette envie de vivre quelque chose de différent, de quitter les frontières de la paisible Comté.


J'aurais bien dit que c'était vraiment le choix de Bilbon de partir mais :
- "Cela ne vous laisse que dix minutes. Il vous faudra courrir, dit Gandalf.
- Mais... fit Bilbo.
- Il n'y a pas le temps, dit le magicien.
- Mais..., répèta Bilbo.
- Pas le temps pour cela non plus, Ouste !"
(page 37, livre de poche)
Il n'a pas vraiment eu le loisir de présenter ses arguments ^^  

Mais, effectivement, je crois que Bilbon est parti parce qu'il avait ce petit quelque chose en lui, cette petite voix dans son inconscient qui l'a poussé à agir ainsi. Ce qui ne l'empêchait nullement d'avoir peur..

Citer
-->Pourquoi un départ aussi précipité ? pas de gardien, de jardiniers ?
-->Qui s'occupera de la maison ?
-->Est-ce encore une preuve de la fantaisie de notre héros ?
Non seulement Bilbon a été pris au dépourvu (dix minutes pour se préparer :rolleyes:), mais jusqu'au dernier moment, il pensait être débarasser des nains et de leur "idée". Même s'il était déçu de ne pas être parti, il n'imaginait certainement pas que Gandalf reviendrait à un moment aussi inattendu (le petit déjeuner :lol:).

D'une certaine manière son "coté Took" a pris le dessus pendant ces 10 min, et son "coté hobbit" n'a pas pu prévoir les choses habituelles, tels qu'un jardinier...
(sais pas trop si c'est clair..).

Qui s'occupera de la maison ? ... Bonne question :P (Je ne me rappelle plus mais le père de Sam ne travaillait-il pas chez Bilbon avant lui ?) :unsure:

Quand à la fantaisie du héros... Je crois que ça fait partie du caractère de ce bon vieux Bilbon.
Bilbo le Hobbit est nettement différent du sda, parce que celui apporte plus de légèreté, de blagues.
Alors de voir ce pauvre Bilbon soulagé, reprendre sa vie normale et soudain, être obligé de suivre une bande de petits nains loufoques et un vieux magicien.. :lol:
 
Valà pour le début  :D
« Modifié: 05 août, 2004, 13:11:58 par eärwen »
Statut : perdue dans le vide intersidéral --" Mais je ne vous oublie pas pour autant :)

Hors ligne Forfirith

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Grillade de mouton
« Réponse #9 le: 07 août, 2004, 22:24:44 »
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-> Gandalf a t-il réellement poussé Bilbon dans l'aventure ? où est-ce vraiment Bilbon qui a décidé de partir de son propre chef, car c'éait quelque chose qu'il avait en lui ?
Pourquoi un départ ausis précipité ? pas de garien, de jardiniers ?
Qui s'occupera de la maison ?
Est-ce encore une preuve de la fantaisie de notre héros ?

Je suis tout à fait d'accord avec tout ce qu'à dit Eärwen à ce sujet, alors je ne vois pas quoi rajouter..
(A part ça, je te confirme bien que le père de Sam, Ham je crois, travaillais comme jardinier pour Bilbon...Mais je me demandes si ce n'est pas le "vieux Trogon" qui faisiat de jardinier à l'époque de Bilbon le Hobbit... :unsure: )


Citer
-> Comment les Nains ont-ils pu se faire prendre au piège si facilement ? 13 nains contre 3 trolls idiots ? Et pourquoi nos nains ne se promènent-ils pas armés alors qu'ils sont sur des routes dangereuses ?
Je pense que ça fait partie de l'histoire : sinon comment introduire Dard ? Et puis le passage des Trolls est bien marrant, il faut l'avouer... :P

Les autres questions demain, il se fait tard.... :rolleyes:  :P

 
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Grillade de mouton
« Réponse #10 le: 12 août, 2004, 16:06:34 »
Citer
-> Comment les Trolls ont-ils acquis des épées de Gondolïn ?

- A propos des épées de Gondolin, il est vrai qu'il faudrait essayer de voir dans les textes anciens des armes du même type mais d'un point de vue général, on peut essayer déjà de tracer un parcours pour ces armes :

- elles sont forgées par les elfes et gardées en Gondolin
- avec la Chute de la Ville, on peut supposer (ce n'est pas précisé dans le Silmarillion) que les gens qui parvinrent à se sauver emportèrent certains objets de valeur avec eux, en particulier des armes (vu le danger du chemin dans les montagnes).
- ensuite, il ne faut pas oublier le séjour des Semi-Elfes à l'embouchure du Sirion où naquirent Elrond et Elros....
- Après la guerre de la Grande Colère, Elros finit par aller à Númenor, puisqu'il ets en partie (avec son frere) héritier d'Eärendil, donc de Tuor et donc de ce qu'ils ont emportés de Gondolin, il peut avoir emmené des armes sur l'île.
OU
- Elrond est resté sur la TdM, il peut avoir garder les armes aussi
- avec la disparition de Númenor, Elendil ramène ces armes de Gondolin sur la TdM
OU
- idem (c'est rien passé entre-temps...lol)
- d'une manière ou d'un autre, soit les héritiers d'Elros, soit chez Elrond, les armes ont pu tombées sous la "garde" des Trolls si ils ont attaqués des hommes les portant ou quelque chose du genre..

Enfin bref, c'est un peu confus mon exlication, mais bon... :rolleyes:  :lol:

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-> Que sont les Terres Solitaires, avec leurs ruines de chateaux ?
S'agit-il de l'ancien royaume d'Arnor, aujourd'hui abandonné, avec le mont Venteux... ?
Pour moi, je pesne qu'il s'agit de l'Arnor comme tu dis..Il y avait Fornost, Annuminas....Perso, je pense qu'il peut s'agir de Fornost "ce château".. Vu comment en parle Prosper Poireebeurrée dans le SDA, il peut s'agir de cette ville... :D

Bref, voilà je vous laisse... :D  :P  ^^  
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Grillade de mouton
« Réponse #11 le: 24 août, 2004, 01:16:18 »
A propos des épées de Gondolin, il faut s'interroger sur la position stratégique de la Cité lors de la grande Bataille qui noyé toutes les Terres à l'Ouest d'Ered Luin. Je pense que les deux épées ont été conservées par Tuor puis confiées à Earendil. Cependant là encore plusieurs énigmes peuvent se poser dont celle ci:
La Ruine des Elfes de Gondolin et du reste du peuple de Menegroth a pu être à l'origine de la perte des épées(précision: lors de l'attaque surprise des filsde Feanor)? :arrow: certains elfes se sont dispersés pour fuir le massacre, certains on sans doute pénétrer dans les bois d'Houssaye...

Forfirith, pour l'une de tes hypothèses, je ne crois pas qu'Elrond ait pu les garder car bien qu'il les reconnaisse lorsque les Nains et Gandalf lui présente, il n'en souffle pas mot. Elrond conserve à Fondcombe les trésors des Dunedain.
Mais il est intéressant de savoir si les Dunedain peuple en exil (sous la protection du Sage de Fondcombe) ont pu entrer en contact avec ces armes...
 

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Grillade de mouton
« Réponse #12 le: 26 février, 2005, 14:28:28 »
Est-ce que quelqu'un a une suggestion à me faire sur le nom de l'auberge ? Pourquoi le Dragon ? Pourquoi Vert ? Moi j'ai deux hypothèses.
Enfin, le cheval de Gandalf est blanc. Quand Gandalf dompte-t-il Gripoil ?
Gandalf n'est donc pas le Gandalf du Seigneur des Anneaux. Il ne faut donc pas interpréter Bilbo à la lumière du SdA.
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Grillade de mouton
« Réponse #13 le: 26 février, 2005, 17:16:55 »
En ce qui concerne Gripoil, il "adopte" Gandalf (c'est peut-etre plus exact  :fear: ) beaucoup plus tard que lorsque la quête d'Erebor a lieu. S'il est vrai que pas mal de détails sont assez éloignés du SdA, il s'agit tout de même bien du même Gandalf... ^^

Ensuite, en ce qui concerne le "Dragon Vert", il me semble avoir lu quelque chose là-dessus, il y a peu, je tenterais de retrouver ça...Mais en tout cas, n'hésites pas à nous faire part de tes hypothèses... :wow:  ^^  
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Grillade de mouton
« Réponse #14 le: 26 février, 2005, 20:57:45 »
Je suis content d'avoir obtenu une réponse, cela prouve que le forum est actif.
Comme je l'ai dit par ailleurs, sur le forum sur le chapitre 1, j'écris en cemoment un livre sur Bilbo, je donne - mais c'est brut de chez brut, je viens d'écrire cela cet après-midi et je n'ai pas eu le temps de me relire - mon commentaire:
Vous pouvez me donner votre avis : cela peut m'aider !


Bilbo se réveille donc le jeudi. Le narrateur n’est plus omniscient, il s’agit d’un point de vue interne : le lecteur découvre la maison telle que Bilbo la perçoit. Il n’y a personne et le héros fait tout simplement la vaisselle. Il pense qu’il a rêvé. Mais les sentiments de Bilbo sont ambivalents : il est à la fois délivré : « plutôt soulagé, tout compte fait, à la pensée qu'ils étaient tous partis sans lui et sans se préoccuper de le réveiller », mais déçu : « il ne pouvait se retenir d'éprouver un brin de déception ». A nouveau, la double personnalité de Bilbo Baggins, mais fils de Belladone Took. Puis Bilbo vaque à ses occupations. Si le chapitre s’est terminé par une montée en puissance de l’angoisse et de la peur, le retour à la banalité quotidienne est le sujet de ce premier passage du chapitre deuxième. La situation est presque identique à celle du chapitre I. Bilbo est dans son logis, s’apprête à prendre un second petit déjeuner par une belle matinée de printemps lorsque Gandalf intervient. Une seule différence par rapport à leur première rencontre : la porte est ouverte alors que dans l’épisode précédent , la porte de Bilbo est close et c’est lui qui introduit les Nains chez lui, bien malgré lui certes.
L’intrusion de Gandalf est un procédé comique : tout est bien établi pour le lecteur. Toutes les fonctions du conte sont mises en place : nous avons bien une mission : reprendre le trésor des Nains à Smaug ;  un envoyeur : Gandalf a réuni le  groupe pour effectuer la mission ; un destinataire : il s’agit pour les Nains de retrouver leur puissance d’antan ; un opposant : Smaug semble être l’ultime rempart à abattre ; un adjuvant : Gandalf – il faut bien remarquer que les aventuriers sont quatorze : treize Nains et Bilbo qui forme le quatorzième. Gandalf ne se compte pas parmi les aventuriers, sinon ils seraient quinze. Gandalf n’aurait pas autant insisté pour éviter le nombre maudit de 13. Mais il manque le héros ou du moins un membre de l’équipe : il traîne en robe de chambre, il fait la vaisselle, il fait le ménage, il siffle et s’apprête à prendre un second petit déjeuner. Bilbo vit en hobbit.
Gandalf vient bousculer son train train quotidien : l’irruption déclenche à nouveau l’humour. Gandalf ne fait que rappeler un fait connu de tous : le départ  était fixé à l’aube – «  il nous faut aller avant le lever du jour » est le leitmotiv de la chanson des Nains – et le magicien annonce un fait que le lecteur présentait : le soleil qui brille en ce matin printanier indique qu’il est précisément dix heures et demie. Mais Gandalf se garde bien d’indiquer la conduite à suivre : c’est parce que le hobbit n’a pas épousseté la cheminée qu’il n’a pas trouvé le mot glissé sous la pendule. Cette lettre est un contrat qui lie la société Thorïn à responsabilité très limitée : certes, la compagnie prend à sa charge les frais de voyage, promet un salaire : « un quatorzième des bénéfices totaux (s'il y en a) », mais insiste bien sur le danger de cette expédition en prenant aussi à sa charge les « frais d'enterrement ». Un contrat d’embauche en bonne et due forme de cambrioleur ! Cette convention indique aussi la date et l’heure de l'engagement : 11 heures précises. Il ne reste que dix minutes pour que notre « héros » se prépare et gagne l'auberge du Dragon Vert. Etrange nom que cette Auberge du Dragon Vert ? En plein pays hobbit, dont les couleurs préférés sont le jaune et le vert, il est logique que cette couleur verte soit associée au nom de l’auberge. Quant au dragon, il est à la fois le but ultime de la quête et point de rendez-vous du départ de l’aventure.
Quand Tolkien eut sept ans, il ne se contenta pas de lire des histoires de dragons, il entreprit d’écrire une histoire de dragon. « I first tried to write a story  when I was about seven. It was about a dragon. I remember nothing about it except  a philological fact. My mother said nothing about the dragon, but pointed out that  one could not say 'a green great dragon', but had to say 'a great green dragon'. I  wondered why, and still do. The fact that I remember this is possibly significant, as I  do not think I ever tried to write a story again for many years, and was taken up  with language.”  De cette époque, Tolkien ne se souvient que d’un détail philologique. Sa mère lui fit remarquer qu’on ne disait pas « un vert grand dragon », mais « un grand dragon vert ».
A-t-on déjà vu un héros qui n’est ni prêt psychologiquement ni prêt physiquement ?  « Il était bien essoufflé «  après avoir couru plus d’un mille. Un héros pantouflard, bedonnant, aimant la tranquillité n’a absolument aucune chance de passer les épreuves de qualification qui attendent un héros.
En outre, comment Bilbo peut-il être crédible, comment peut-il élever l’âme du lecteur : au début de sa quête, ce qui le perturbe, ce ne sont pas les péripéties extérieures, mais ses ennuis personnels : il a oublié son mouchoir.
Au milieu de l’équipée, Bilbo détonne. Les Nains « étaient montés sur des  poneys, dont chacun était chargé de tout un attirail de bagages, ballots, paquets. » Les  Nains ont tout prévu ; ils ont même pensé à trouver un destrier à la taille de Bilbo : « Il y  en avait  un très petit, apparemment destiné à Bilbo ». Bilbo est démuni : « je suis venu sans chapeau, je n'ai pas de mouchoir et je n'ai pas d'argent. ». Il est métaphoriquement nu ; ayant perdu sa personnalité de hobbit : Dwalïn l’a habillé en Nain – un capuchon vert foncé délavé et une cape de même couleur. Bilbo a honte et est la honte de la famille : seule la barbe le distingue de l’espèce des Nains.
Mais, en ce jeudi 28 avril, la compagnie se met en route. Gandalf, sur son cheval blanc – il n’avait pas encore dompté Gripoil -, est allé chercher une provision de mouchoirs, ainsi que la pipe et le tabac de Bilbo. Voilà de bien précieux auxiliaires pour se lancer dans une aventure. Il est vrai que ce début est placé sous le signe des réjouissances : « le groupe poursuivit son chemin tout à fait gaiement » : on raconta des histoires, on chanta des chansons ». Malgré le manque d’arrêt pour les repas, Bilbo trouve que cette aventure n’est pas si désagréable. Il est vrai que l’aventure commence sous les meilleures auspices puisqu’il fait beau, que la contrée traversée n’est pas hostile, puisqu’il s’agit de la contrée des hobbits. Mais le paysage change et le caractère de Bilbo se modifie aussi. La transition s’effectue par un passage dans des contrées avec un point de vue interne – à savoir celui de Bilbo – « où des gens usaient d’un langage étrange et chantaient des chansons que Bilbo n’avaient jamais entendues ». Ce passage vers l’étrange débouche sur les Terres Solitaires : terre inhospitalière : « il n’y avait plus d’auberges », « les routes devenaient franchement mauvaises », les collines se couvraient « d’arbres noirs ». Les vieux châteaux ont l’air sinistre, construits par « de mauvaises gens ». Le temps a changé en cette fin d’avril et ce début de mai : « il faisait froid et humide ». Dans la narration, il ne semble pas y avoir d’interruption. Pourtant le groupe a parcouru un long chemin, du temps a passé : d’avril, nous sommes passé à mai. Le lecteur sent que le danger est proche. Pourtant le narrateur n’est pas pressé de confronter ses aventuriers à des épreuves. En rupture avec le conte traditionnel où les péripéties abondent, le narrateur insiste dans les dialogues sur les soucis de ces combattants : il pleut - « je suis sûr que la pluie s'est infiltrée dans les vêtements secs et dans les sacs de provisions – et Bilbo regrette d’être parti à l’aventure. D’ailleurs le narrateur omniscient nous prévient que ces pensées seront récurrentes. Cette préoccupation gagne même les Nains qui cherchent un coin sec pour passer la nuit. Au milieu de cette inquiétude générale – où trouver un endroit sec ? – les aventuriers découvrent la disparition de Gandalf. Le caractère mystérieux de Gandalf est confirmé : son attitude de magicien n’a guère été confirmée, il apparâit plutôt comme un créateur de jeux d’artifices, comme un amuseur, parfois peu loquace : ses intentions dans cette aventure ne sont pas définies : « sans jamais dire s'il prenait vraiment part à l'expédition ou s'il leur faisait juste un bout de conduite ». Même les Nains semblent perdus lorsque Gandalf n’est pas là : ils voudraient utiliser sa « magie » pour se mettre à l’abri. Lors de cette pause, le narrateur marque nettement les faits qui démontrent que la belle harmonie du départ se brise : les Nains –experts en feu – n’arrivent pas à allumer un feu de camp ; Fili et Kili ont échappé à la noyade en essayant de sauver un poney qui portait de la nourriture. La discorde gagne la troupe.
C’est à ce moment que la troupe perçoit une lumière : « une lumière rougeâtre à l'aspect réconfortant ». Le narrateur, par cette indication, nous indique que les Nains peuvent espérer de l’aide. Il continue à ne pas informer le lecteur, qui découvre les événements tout comme les héros les découvrent. C’est le point de vue interne de la troupe qui domine. Les Nains marquent un nouveau ralentissement dans la narration en discutant sur la conduite à suivre. Nos héros hésitent sur un événement apparemment mineur : la perception d’une lumière rouge à l’aspect réconfortant. Et la discussion se termine en discorde. Les aventuriers subissent plutôt qu’ils n’agissent. Ils subissent non seulement le poids des éléments naturels imposés par le narrateur, mais aussi la charge de héros. Celui-ci prend même un malin plaisir à les engluer dans des actions qui les ridiculisent : « malgré toutes leurs précautions, ils produisaient passablement de bruissements et de craquements (sans compter une bonne dose de bougonnements et de grognements) en passant sous les arbres ». Les Nains ont décidé d’utiliser les capacités de Bilbo en les dépréciant : le cambrioleur est utilisé comme observateur, comme avant-garde, comme un éclaireur – un vulgaire scout – avec une mission très précise : « Il faut aller voir ce que c'est que cette lumière, à quoi elle sert et s'il n'y a aucun danger » et des consignes d’une rigueur saisissante : « Sautez et revenez vite si tout va bien. Dans le cas contraire, revenez si vous le pouvez ! Et si vous ne le pouvez pas, poussez deux ululements d'effraie et un de chouette, et nous ferons ce que nous pourrons ». Il est évident qu’un éclaireur, dès qu’il a fini sa mission, revient à son point de départ pour donner un compte rendu de sa mission. Si cela se passe mal, il aurait bien du mal à revenir. Et s’il ne revient pas, c’est que sa mission a échoué. Mais Bilbo est chargé, comme dans les aventures les plus périlleuses,  d’émettre un signal pour prévenir ses compagnons de son échec. Cela est digne de réelles aventures, mais le narrateur s’empresse d’ajouter que Bilbo n’a aucune idée de ce qu’est un ululement. Ensuite le narrateur nous emmène dans la cavalcade des  animaux : de la chauve-souris à la belette. Les périodes d’euphorie du narrateur précèdent les évènements catastrophiques. Ce ton fait penser à la musique d’un film qui souligne les moments légers ou dramatiques des séquences. Ce n’est sans doute pas un hasard si les sensations auditives dominent dans ce passage : « « deux ululements », « ululer », « hibou », »chauve-souris », « les hobbits peuvent se déplacer dans les bois sans faire de bruit, sans faire le moindre bruit », « ce boucan de Nains », « une nuit venteuse », « la cavalcade », « pas même une belette n'aurait bougé d'un poil de sa moustache ».
Comme à son habitude, le narrateur se moque de son héros, mais il lui reconnaît une qualité : la discrétion. Qualité partagée par tous les Hobbits. La mission proposée par Thorïn sied parfaitement à notre héros de fortune.
Le narrateur poursuit l’aventure en recourrant au point de vue interne : « voici ce qu'il vit ».
 :)  :)

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Grillade de mouton
« Réponse #15 le: 27 février, 2005, 11:51:39 »
Tout comme pour le chapitre 1, j'ai bien aimé ton commentaire...Il est juste et précis... ^^
Du coup, il n'y a rien à rajouter  :P
Enfin si, juste un détail, par rapport à la fin, lorsque tu dis ,
Citer
Comme à son habitude, le narrateur se moque de son héros, mais il lui reconnaît une qualité : la discrétion. Qualité partagée par tous les Hobbits.
tu peux peut-être te rapporter à ce que tu disais pour le début du chapitre 1, sur le fait que c'était un personange comme les autres, un simple hobbit, qui aurait pu être n'importe qui en fait...Enfin je sais pas, je vois ça comme ça... :fear:  
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Grillade de mouton
« Réponse #16 le: 27 février, 2005, 13:30:30 »
j'aime beaucoup ton commentaire. D'ailleurs, ça m'a amusé de relire ensuite le commentaire déjà publié sur le site ( pour les erreurs éventuelles, une correction sera publiée le 1er mars...  ^^ )
 :arrow:  Fiche du Chap 2

J'ai beaucoup apprécié l'importance que tu accordais notamment aux variations du point de vue narratif, et aussi aux effets comiques ( on a presque l'impression d'être parfois dans une "parodie" de conte, surtout en ce début d'aventure : il s'agit presque d'une équipe de "bras cassés"...  :P )

Pour répondre à ta question quant à Gripoil, il a été dompté par Gandalf en septembre 3018, donc bien longtemps plus tard. Ici, on lui donne un cheval blanc et c'est quelque chose d'assez classique dans les contes...

J'aime beaucoup ton hypothèse sur le Dragon Vert, par rapport à la philologie. C'est dans les Lettres, ta citation ?

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Grillade de mouton
« Réponse #17 le: 27 février, 2005, 15:54:10 »
Merci à tous pour vos remarques.
Il est évident que Tolkien fait une parodie du conte pour enfant. Il le regrettera en écrivant "sur le conte de fées".
Merci pour la précision sur Gripoil : je m'en doutais, mais en ce moment j'écris sur Bilbo et je m'interdis d'expliquer en fonction du SdA. Il est vrai que dans les Lettres, il y a beaucoup à puiser. Je les ai et je comprends un peu l'anglais. Il paraît qu'il va y avoir une parution des Lettres au milieu de l'année 2005. J'utilise aussi des livres en anglais, mais il y a peu sur Bilbo. Tout est axé sur SdA.
J'ai trouvé des faits intéressants sur le titre du chapitre 2. Je suis en train d'examiner cet après-midi l'ogre en comparant le rôle des Trolls à celui de l'ogre dans le Petit Poucet.
A +

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Grillade de mouton
« Réponse #18 le: 28 février, 2005, 19:30:54 »
Voilà la suite de ce que j'ai écrit hier et aujourd'hui. Il ne faut pas tenir compte de l'accent cockney : je pense qu'il s'agit d'une mauvaise hypothèse. Je penche pltôt pour du vieil écossais - mais je dois vérifier -.
Attention : il y a du désordre : je n'ai pas encore relu pour établir un plan avec des sous-parties structurées. Je ferai cela plus tard !

Le spectacle qui est offert aux yeux de Bilbo n’évoque pas l’épouvante. Ils sont présentés comme « trois personnages de très forte  carrure » - puis le narrateur, dans un souci de ménager le suspense, utilise des pronoms personnels de reprise : « ils ». Bilbo les voit manger et boire et sent « une bonne et appétissante odeur » se répandre alentour. Le danger n’est identifié qu’après cette présentation agréable. Bilbo identifie des Trolls à « leur grande et lourde face, à leur taille et à la forme de leurs jambes, sans  parler de leur langage, qui n'était pas du tout, mais là pas du tout celui des  salons ». Suit un savoureux dialogue entre les Trolls qui nous apprend dans une langue très familière – imitant l’accent cockney.
Tolkien a une véritable fascination pour les langues : il est philologue et il s’amuse depuis sa tendre enfance à créer des langues. Il ne peut que s’amuser à transcrire la vulgarité des Trolls à travers un accent qui a son origine dans l’East End de Londres.
C’est le mode de fonctionnement habituel de toute petite communauté, les  "cockneys" employaient tout un répertoire de mots et d'expressions qui n'avaient de sens que pour eux. Ils poussèrent le jeu très loin, en inventant un dialecte totalement  nouveau, un argot appelé « rhyming slang », en usage depuis le milieu du XIXe siècle. Il  consiste à remplacer un mot par une locution qui rime avec ce mot ; ainsi "stairs"  (escalier) devient "apples and pears" (pommes et poires) ; "phone" devient "dog and  bone" ; et "word" devient "dicky bird" ! Et pour déconcerter un peu plus les non-initiés, le  mot qui rime est souvent omis, comme dans "daisies" qui signifie "boots" (pour "daisy  roots").
Dans ce passage, c’est le langage très familier des Trolls qui est souligné, ainsi que leur lourdeur d’esprit. Les plaintes des Trolls font échos aux soucis des Nains : ils discutent nourriture et se plaignent de ne manger que du mouton. Pourtant un fait aurait dû faire fuir Bilbo et l’alerter sur le danger à pousser plus loin sa première épreuve. Les Trolls, répondant aux doux prénoms de William – affublé du charmant diminutif de Bill - Bert et Tom aiment  la chair humaine. William qui est le chef de cette compagnie rappelle à ses deux acolytes qu’ils ont dévoré un village et demi depuis qu’ils ont quitté les montagnes.
Bilbo aurait dû reconnaître la figure de l’ogre. Mais si le héros ne reconnaît pas cette figure célèbre, le lecteur n’a pas manqué de faire le rapprochement. Sans rassembler tous les textes qui précèdent l’½uvre de Tolkien Bilbo le hobbit pour entrer dans une critique génétique chère à Jean-Bellemin Noël et Raymonde Debray  Genette , parlons au moins d’intertextualité -  même si Genette préfère le terme de transtextualité à celui d’intertextualité proposé par Julia Kristeva .
Tolkien convoque consciemment ou inconsciemment le  texte d'un autre auteur dans son  écrit. En l’occurrence, il s’agit du « Petit Poucet » de Charles Perrault.
Cette ressemblance est très poussée. Rappelons que la pluie est un sujet de plainte des héros qui cherchent un abri pour la nui et qui échouent dans le fait de fabriquer un feu de bois. Dans « Le Petit Poucet », la situation est identique : « Il survint une grosse pluie qui les trempa jusqu'aux os; ils glissaient à chaque pas et tombaient dans la boue, d'où ils se relevaient tout crottés, ne sachant que faire de leurs mains. »
Puis nos héros sont attirés par un feu au loin. Que nous dit « Le Petit Poucet » ? « Il descendit de l'arbre; et lorsqu'il fut à terre, il ne vit plus rien; cela le désola. Cependant, ayant marché quelque temps avec ses frères du côté qu'il avait vu la lumière, il la revit en sortant du bois. Ils arrivèrent enfin à la maison où était cette chandelle, non sans bien des frayeurs, car souvent ils la perdaient de vue, ce qui leur arrivait toutes les fois qu'ils descendaient dans quelques fonds. »
Il est remarquable que le Petit Poucet, les Nains et Bibo sont tous préoccupés par une besoin de combler le manque de nourriture et qu’ils se jettent dans la gueule du loup, à savoir l’ogre, figure qui représente le cannibalisme.  Le Petit Poucet conduit ses frères à la cabane de l’ogre, ainsi Bilbo conduit ses frères nains – Bilbo est habillé en Nain et partage avec eux ce souci de la bonne chère – vers le feu qui est le foyer des Trolls. Ces deux héros sont donc à la fois porteurs de bonne et de mauvaise fortune ; en d’autres termes, ils sont ceux qui conduisent leurs compagnons vers le sacrifice, ce sont, selon Jung, « l’ogre lui-même  ».
Tout comme l’ogre de Perrault, les Trolls de Tolkien mangent du veau et regrettent de ne pas se nourrir de « chair fraîche. » « La femme de l'ogre, qui crut qu'elle pourrait les cacher à son mari jusqu'au lendemain matin, les laissa entrer et les mena se chauffer auprès d'un bon feu, car il y avait un mouton tout entier à la broche pour le souper de l'ogre. » Cette citation du conte de Perrault est à rapprocher de Bilbo : « « Du mouton hier, du mouton aujourd'hui et, le diable m'emporte ! ça m'a tout l'air de devoir être encore du mouton demain, dit un des trolls. » qui permet de mieux comprendre le titre de ce chapitre.
Le lecteur, tel la femme de l’ogre a envie d’avertir le Petit Poucet-Bilbo qu’il est en danger face à l’ogre. Mais  notre narrateur prend à nouveau un malin plaisir à jouer avec le destin de ses personnages. Bilbo a parfaitement accompli la mission commandée par les Nains : il a identifié ce qui se passait autour de cette lumière rouge. Il a remporté l’épreuve qui le qualifie en tant qu’éclaireur. Mais il n’a pas été engagé comme scout, il a un contrat de cambrioleur. Le narrateur omniscient nous rappelle cet état et nous raconte en utilisant le mode conditionnel, mode de l’hypothèse par excellence, ce qu’un vrai cambrioleur pourrait faire. Ce que demande le narrateur à son héros hésitant est symbolique.
« Un cambrioleur de premier ordre, légendaire, aurait à ce moment fait les poches des trolls - ce qui vaut presque toujours la peine, quand on peut y arriver; il aurait chipé le mouton même sur les broches, dérobé la bière, et s'en serait allé sans avoir été remarqué. » Réussir cette épreuve permettrait à Bilbo de s’imposer en qualité de cambrioleur légendaire.
« D'autres, plus positifs, mais doués de moins d'amour-propre professionnel, auraient peut-être planté un poignard dans le corps de chacun d'eux avant qu'ils ne s'en fussent aperçus. Après quoi, on aurait passé joyeusement la nuit. ». Ce haut fait d’armes permettrait à Bilbo de tuer l’ogre et il tuerait en même temps l’ogre du Petit Poucet en utilisant « le poignard » qui renvoie au passage du conte de Perrault : « Il alla prendre un grand couteau, et en approchant de ces pauvres enfants, il l'aiguisait sur une longue pierre qu'il tenait à sa main gauche ». Bilbo vengerait donc le Petit Poucet.
Or Bilbo tergiverse : il veut faire plaisir à Thorïn et il décide d’exercer une de ses compétences de voleur : le vol à la tire dans les poches des trolls. Si Bilbo commence bien, il est pris la main dans le sac. L’ogre du Petit Poucet sent la chair fraîche et se dirige vers le lit où les enfants sont cachés.
Le dialogue qui s’instaure entre Bilbo et les Trolls est d’une autre nature que le dialogue du Petit Poucet avec l’ogre. Le narrateur s’amuse beaucoup avec sa création. Pour faire ressortir le caractère niais des trois Trolls, le narrateur utilise le même procédé utilisé par Bilbo lors de son approche discrète du feu, à savoir la non reconnaissance. Bilbo ne reconnaît pas les Trolls au premier coup d’½il. Les Trolls ne reconnaissent pas un Hobbit au premier coup d’½il. « « - Crénom ! Regarde un peu ce que j'ai attrapé,  Bert ! dit William. - Qu'est-ce que c'est ? dirent les autres, s'approchant. - Du diable si je  le sais ! Qu'est-ce que t'es ? » Les Trolls, n’identifiant pas l’ennemi, lui demande son  identité. Bilbo perd lors de sa capture la confiance qu’il avait accumulée auparavant. Il avait réussi à devenir un éclaireur, il s’apprêtait à devenir cambrioleur chevronné. Le voilà à nouveau Hobbit peureux. Les Trolls n’ont même pas besoin de menacer notre « héros », ils n’ont pas besoin de le torturer : Bilbo est sur le point de dire la vérité : il commence par décliner son identité : « Bilbo Baggins », puis il va dévoiler sa fonction dans le conte : un cambrioleur. Mais après la première syllabe, Bilbo prend conscience qu’il en dit trop et termine sa phrase en indiquant son espèce : un Hobbit.
Comme les Trolls sont présentés comme des êtres peu cultivés, parlant une langue vulgaire, ils  s’emparent de la réponse de Bilbo pour créer un mot valise : jeu de mots consistant à prendre deux mots ayant  une partie commune pour fabriquer un néologisme. En anglais, c’est ce qu’on nomme un "port manteau word" : ainsi "smog" est le résultat de la combinaison de  "smoke" et "fog".
Comme l’écrit Tolkien dans une la Lettre 151 adressée à Milton Waldman à la fin de l’année 1951 : « Many children make up, or begin to make up, imaginary languages. I have been at it since I could write. But I have never stopped, and of course, as a professional philologist (especially interested in linguistic aesthetics), I have changed in taste, improved in theory, and probably in craft. Behind my stories is now a nexus of languages (mostly only structurally sketched). »
Humphrey Carpenter, dans « J.R.R. Tolkien. Une biographie », détaille l’enfance de Tolkien pour montrer d’où vient sa passion pour la philologie.
   Sa mère l'initia au latin dès le début de leur séjour à Sarehole. Il en était ravi et il s'intéressait autant au son et à la forme des mots qu'à leur sens. Elle comprit vite qu'il avait un don particulier pour les langues et elle se mit à lui apprendre le français.
   A son entrée en sixième, il apprit le grec. Sur ce premier contact avec le grec il écrivit un jour : « L'aspect fluide du grec, ponctué de moments durs, et sa surface brillante me captivèrent. Mais une part de cet attrait tenait à l'antiquité et à l'éloignement (par rapport à moi) : cela ne me touchait pas au coeur. »
L’enseignement de Brewerton fut déterminante : « C'était aussi un  professeur plein d'ardeur qui demandait à ses élèves d'employer les vieux mots  les plus simples de la langue anglaise. Si un des garçons employait le mot «  engrais », Brewerton lançait un hurlement : « Engrais ? Appelez ça du fumier !  Dites-le trois fois ! Fumier, fumier, fumier ! » Il les encourageait à lire Chaucer et leur récitait les Contes de Canterbury dans l'original en moyen anglais. Pour  Ronald Tolkien, ce fut une révélation ; et il décida d'étudier plus à fond l'histoire  de la langue. » ( page 39 )
A King Edward,  le latin et le grec constituaient l'essentiel du programme. Robert Cary Gilson, le professeur principal de la première, encourageait ses élèves à une étude détaillée de la linguistique classique. Ce qui était tout à fait conforme aux inclinations de Tolkien : et c'est en partie grâce à l'enseignement de Gilson qu'il se mit à s'intéresser aux principes généraux du langage.
   Connaître le latin, le grec, le français, l'allemand, c'était une chose. C'en était une autre que de comprendre pourquoi ces langues étaient ainsi. Tolkien avait commencé par examiner l'ossature, les éléments qui leur étaient communs ; il avait commencé, en fait, à étudier la philologie, la science des mots. Et ce qui le stimula particulièrement, ce fut d'apprendre à connaître l'anglo-saxon. Il continua à rechercher l'ossature de toutes ces langues, fouillant dans la bibliothèque scolaire et explorant les derniers rayons de la bibliothèque cornique (des Cornouailles), plus loin dans la même rue. A l'occasion, il se mit à trouver – et à recueillir assez d'argent pour les acheter – des livres allemands sur la philologie, « secs comme la poussière », mais qui pouvaient apporter des réponses à ses questions. Philologie : «l'amour des mots ». Car c'était ce qui l'avait animé. Ce n'était pas un intérêt aride pour les principes scientifiques du langage, c'était un amour profond pour la forme et la sonorité des mots, qui lui venait des jours où sa mère lui avait donné ses premières leçons de latin.
Conséquence de cet amour des mots : il s'était mis à inventer son propre langage.
La plupart des enfants fabriquent leurs mots. C'est ce qu'avaient fait deux jeunes cousines de Tolkien. Leur langue s'appelait l'Animalic et était surtout constituée par des noms d'animaux. Ronald apprit l'Animalic, et cela l'amusa. Un peu plus tard, une de ses cousines et Ronald inventèrent en collaboration une langue nouvelle et plus compliquée. Elle s'appela Nevbosh, ou néo-non-sens. Les deux cousins chantèrent des limericks en  cette langue :
Dar fys ma vel gom palt « Hoc
Pys go iskili far maino woc ?
Pro si go fys do roc de
Do cat ym maino bocte
De volt fact soc ma taimful gyroc » !
(Il y avait un vieil homme qui disait « Comment/Pourrais-je porter ma vache ?/Si je lui demandais/d'entrer dans mon panier :/Ça ferait un barouf terrible ! »)
   « Ce genre d'amusement donna une idée à l’adolescent Tolkien. Déjà, quand il commençait à apprendre le grec, il s'était diverti à inventer des mots qui aient l'air grecs. Ne pouvait-il aller plus loin et inventer tout un langage, quelque chose de plus sérieux et de mieux organisé que le Nevbosh qui, pour la plus grande partie, n'était qu'un déguisement de mots anglais, français et latins ? »  (page 48)
Adulte, Tolkien entreprit d'inventer une langue en prenant modèle sur une langue réel : ce fut l’espagnol qui enfanta le Naffarin.
La lecture du Primer of the Gothic Language (Livre élémentaire de langue gothique) de Joseph Wright déclencha l’invention de mots gothiques.
Tolkien travaillait  aussi à des alphabets de son invention ; un des carnets  de son temps d'école contient un système de symboles-codes pour chaque lettre de l'alphabet anglais.

Tolkien joue donc avec les mots et invente des mots-valises. Mais le  concept de mot-valise a été utilisé pour la première fois par Humpty Dumpty,  dans Au travers du miroir de Lewis Carroll, pour expliquer à Alice certains mots du poème " Jabberwocky ".
 Au chapitre 3 de De l'autre côté du miroir, de Lewis Carroll, on peut  trouver le plus étrange poème de toute la langue anglaise : Jabberwocky. Aucun  mot signifiant du poème n'existe, tous sont des mots-valises. Pourtant le livre  raconte une histoire, puisant sa force dans l'allusion phonétique et le rythme des  phrases.
« Sur la table, tout près d'Alice, il y avait un livre. Tout en observant le Roi Blanc, (car elle était encore un peu inquiète à son sujet, et se tenait prête à lui jeter de l'encre à la figure au cas où il s'évanouirait de nouveau), elle se mit à tourner les pages pour trouver un passage qu'elle pût lire… « car c'est écrit dans une langue que je ne connais pas », se dit-elle.
« Et voici ce qu'elle avait sous les yeux :
« YKCOWREBBAJ
« Sevot xueutcils sel ; eruehlirg tiatté lI
: tneialbirv te edniolla’l rus tneiaryG
; sevogorob sel tneialla xuetovilf tuot
.tneialfinruob sugruof snohcrev seL

Elle se cassa la tête là-dessus pendant un certain temps, puis, brusquement, une idée lumineuse lui vint à l'esprit : « Mais bien sûr ! c'est un livre du Miroir ! Si je le tiens devant un miroir, les mots seront de nouveau comme ils doivent être. » Et voici le poème qu'elle lut :


 

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Grillade de mouton
« Réponse #19 le: 28 février, 2005, 19:32:27 »
"Jabberwocky" est probablement la poésie la plus bien connue de Carroll. C'est le premier d’une série de poèmes fondées sur l’absurde qui parcourt le roman Through the Looking-Glass  publié en 1872, six ans après les célèbres Alice’s Adventures in Wonderland. Comme le poème est construit en respectant les structures grammaticales conventionnelles et emploie beaucoup de mots familiers, on ne peut pas le considérer comme manquant totalement de sens.
Dans le roman, Alice a traversé le miroir et trouve un livre écrit dans une langue qu'elle ne connaît pas, mais  quand elle tient le livre devant un miroir, elle peut lire "Jabberwocky," une ballade héroïque et railleuse dans laquelle le premier et le dernier quatrains sont identiques et enferment cinq strophes qui formulent la progression du héros : l’avertissement, la mise au point, la méditation et la préparation, la conquête et le retour triomphal. Le quatrain qui est répété fut d’abord publié en 1855 sous le titre Stanza of Anglo-Saxon Poetry. C'est cette strophe que Humpty Dumpty, rencontré par Alice peu de temps après la lecture de la poésie, a bien du mal à expliquer. La signification de la poésie est obscure à cause des éléments absurdes. D’ailleurs ces explications données par Humpty Dumty sont moins intéressantes que celles données par Alice : «  Ça a l'air très joli, dit Alice, quand elle eut fini de lire, mais c'est assez difficile à comprendre ! » (Voyez-vous elle ne voulait pas s'avouer qu'elle n'y comprenait absolument rien). « Ça me remplit la tête de toutes sortes d'idées, mais… mais je ne sais pas exactement quelles sont ces idées ! En tout cas, ce qu'il y a de clair c'est que quelqu'un a tué quelque chose… » "Somehow it fills my head with ideas—only I don’t exactly know what they are! However, somebody killed something: that’s clear, at any rate—"
Quelques chapitres plus tard, l'un des personnages de la Fantaisie de   Lewis Carroll fournira à Alice une explication du poème :

Il était grilheure ;
les slictueux toves Gyraient sur l'alloinde et vriblaient ;
Tout flivoreux allaient les borogoves ;
Les verchons fourgus bourniflaient.

Ça suffit pour commencer, déclara le Gros Coco. Il y a tout plein de mots difficiles là-dedans. « Grilheure », c'est quatre heures de l’après-midi, l'heure où on commence à faire griller de la viande pour le dîner.

– Ça me semble parfait. Et « slictueux ? » – Eh bien, « slictueux » signifie : « souple, actif, onctueux. » Vois-tu, c'est comme une valise : il y a trois sens empaquetés en un seul mot.

– Je comprends très bien maintenant, répondit Alice d'un ton pensif. Et qu'est-ce que les « toves » ?

– Eh bien, les « toves » ressemblent en partie à des blaireaux, en partie à des lézards et en partie à des tire-bouchons.
– Ce doit être des créatures bien bizarres !

– Pour ça, oui ! Je dois ajouter qu'ils font leur nid sous les cadrans solaires, et qu'ils se nourrissent de fromage.

– Et que signifient « gyrer » et « vribler » ?

– « Gyrer », c'est tourner en rond comme un gyroscope. « Vribler », c'est faire des trous comme une vrille ».

– Et « l'alloinde, » je suppose que c'est l'allée qui part du cadran solaire ? dit Alice, toute surprise de sa propre ingéniosité.

– Naturellement. Vois-tu, on l'appelle « l'alloinde », parce que c'est une allée qui s'étend loin devant et loin derrière le cadran solaire… Quant à « flivoreux », cela signifie : « frivole et malheureux » (encore une valise). Le « borogove » est un oiseau tout maigre, d'aspect minable, avec des plumes hérissées dans tous les sens : quelque chose comme un balai en tresses de coton qui serait vivant.

– Et les « verchons fourgus ? » Pourriez-vous m'expliquer cela ? du moins, si ce n'est pas trop demander…

– Ma foi, un « verchon » est une espèce de cochon vert ; mais, pour ce qui est de « fourgus », je ne suis pas très sûr. Je crois que ça doit vouloir dire : « fourvoyés, égarés, perdus ».

– Et que signifie « bournifler » ?

– Eh bien, « bournifler », c'est quelque chose entre « beugler » et « siffler », avec, au milieu, une espèce d'éternuement. Mais tu entendras peut-être bournifler, là-bas, dans le bois ; et quand tu auras entendu un seul bourniflement, je crois que tu seras très satisfaite. Qui t'a récité des vers si difficiles ?
– Je les ai lus dans un livre. Mais quelqu'un m'a récité des vers beaucoup plus faciles que ceux-là… je crois que c'était… Bonnet Blanc. »
Carroll a explicitement défini certains mots quand la première strophe de cette poésie fut publiée sous le titre Stanza of Anglo-Saxon Poetry.
Il a fourni un glossaire pour donner la signification de certains mots peu familiers ; cette liste a été incorporée plus tard dans l'interprétation de Humpty Dumpty dans Alice au pays des merveilles.
Le premier vers commence par la contraction du vieil anglais "it was » et  contient le nom "brillig" que Carroll indique venir de «  cuisson sur le gril » - « broiling » - ou de « griller en début de soirée » - « grilling » - d’où la suite en anglais : « (Br + ill + i[n]g).
Les « toves » sont censés être des animaux semblables aux blaireaux. Quant à l'adjectif "slithy", c’est un mot valise  composé d ‘ « agile » - « lithe » - et de « gluant » - « slimy ».
La définition de « gyre » dans la  suite est « rayer » ; « gimble », c’est « aléser des trous ».
Carroll nous indique de prononcer ces deux termes avec un "g dur" alors que l’anglo-américain le prononce avec un « g » mou.


Il est donc établi que « burrahobbit » - traduit par «  cambunhobbit » - est la contraction de cambrioleur et de hobbit. Puis Bilbo perd à nouveai tous ses moyens. Il est capable de faire alliance avec des Trolls pour les servir en qualité de cuisinier puisqu’il est attiré, comme eux, par l’excès de nourriture.
Bilbo est même sur le point de trahir ses compagnons les Nains en dévoilant qu’ils sont cachés dans le voisinage. Alors que William a de la pitié pour notre héros : « Le pauvre petit bonhomme ! Laissez-le aller ! », Bert veut comprendre les paroles contradictoires de Bilbo : « Pas avant qu'il ne nous ait expliqué ce qu'il entend par des quantités et pas du tout ». Les Trolls énoncent bien le statut de Bilbo à ce moment de l’aventure : « un pauvre petit bonhomme ».
Les Trolls se chamaillent et finissent par se battre. Bilbo n’en profite même pas pour fuir. Au contraire, les Nains ont adopté une stratégie complètement inadaptée. Au lieu de respecter la consigne qui consiste à utiliser un éclaireur, ils rompent la tactique en avançant vers le point dangereux. Non seulement ils viennent vers le danger, mais ils avancent en ordre dispersé : « ils étaient partis l'un après l'autre en rampant le plus silencieusement possible vers la lumière ». Le résultat ne se fait pas attendre : tous les Nains sont faits prisonniers. Il faut signaler que Thorïn se bat d’une manière héroïque. En fait, sur le mode de la dérision, le narrateur nous décrit plutôt une bagarre qu’une bataille légendaire : Thorïn « saisit une grande branche, tout enflammée à un bout; et Bert reçut ce bout dans l'½il avant d'avoir pu s'écarter. », Bilbo « fut envoyé au-dessus des buissons quand Tom décocha des coups de pied dans le feu pour projeter les étincelles dans la figure de Thorïn. », « Tom reçut la branche dans les dents et il en perdit une de devant. », le tout souligné par des onomatopées : « crac ! un vilain sac puant leur enserrait la tête et ils étaient jetés à terre ».
Thorïn a beau posé une question digne des épopées guerrières : « Qui donc a malmené mes gens ? « , le lecteur ne peut pas croire que le narrateur respecte les lois du genre : « Qu'est-ce que tout ce tintouin ? », « Ils se trouvaient dans un beau pétrin, maintenant tous proprement ficelés dans des sacs, avec trois trolls furieux (dont deux avaient le souvenir cuisant de brûlures et de contusions), assis à côté et discutant pour savoir s'ils devaient les rôtir à petit feu, les hacher menu pour les faire bouillir ou simplement s'asseoir sur eux pour les réduire en gelée ; tandis que Bilbo restait terré dans un buisson, les vêtements et la peau déchirés, sans oser bouger de peur d'être entendu. »
Le lecteur peut légitimement se demander si Thorïn est le descendant de celui que Gandalf retrouva prisonnier dans les cachots du Nécromancien. Quant à Bilbo, à la fin de cet épisode, il est dans un état pitoyable : « terré dans une buisson », il ne bouge plus. La peur le submerge.
A nouveau le récit est au point mort. Le narrateur a agi dans ce sens. Il ne peut plus y avoir un développement de la mission puisque le héros est terrorisé, les Nains sont prisonniers dans des sacs. Il n’y a plus d’histoire.
Par un procédé deus ex machina digne des pièces de théâtre, Gandalf revient à ce moment précis de l’histoire. Le seul personnage qui puisse débloquer la situation, c’est évidemment lui.