Un après-midi, un DS (devoir surveillé, grand contrôle quoi) de français, sur l'argumentation. Et là, parmi le corpus de textes, je tombe sur un texte de Marivaux concernant l'éducation des enfants. Ce texte m'a particulièrement touché, car je pense que l'exemple qu'il donne est une bonne éducation. En effet quand je vois certain(e)s de mes ami(e)s qui se font tout le temps réprimander, où le seul lien affectif entre leurs parents et eux est l'argent de poche et les cadeaux, le mode que préconise Marivaux parait ici bien mieux
Marivaux s'inspire, dans cette feuille de son journal périodique Le Spectateur français, des conceptions pédagogiques de Madame de Lambert dont il fréquentait le salon au débat du XVIIIè siècle. Madame de Lambert dispensait ce conseil : « Vous ne vous rendrez maîtresse de l'esprit qu'en instruisant le cœur »...
Qu'un enfant est mal élevé, quand pour toute éducation il n'apprend qu'à trembler devant son père: dites-moi quels défauts le père pourra corriger dans son fils, si ceux qu'il a apportés en naissant lui sont inconnus et n'osent se montrer, si, pour ainsi dire, effrayés par son extrême sévérité, ils se sont sauvés dans le fond de l'âme, s'il n'a fait de ce fils qu'un esclave qui soupire après la liberté, et qui en usera comme un fou quand il l'aura.
Voulez-vous faire des honnêtes gens de vos enfants ? ne soyez que leur père, et non pas leur juge et leur tyran. Et qu'est-ce que c'est qu'être leur père ? c'est les persuader que vous les aimez. Cette persuasion-là commence par vous gagner leur coeur : nous aimons toujours ceux dont nous sommes sûrs d'être aimés; et quand vos enfants vous aimeront, quand ils regarderont l'autorité que vous conserverez sur eux, non comme un droit odieux que les lois vous donnent, et dont vous êtes superbement jaloux, mais comme l'effet d'une tendresse inquiète, qui veut leur bien, qui semble les prier de ce qu'elle leur ordonne de faire, qui veut plus obtenir que vaincre, qui souffre de les forcer, bien loin d'y prendre un plaisir mutin, comme il arrive souvent; oh, pour lors vous serez le père de vos enfants; ils vous craindront, non comme un maître dur, mais comme un ami respectable, et par son amour et par l'intérêt qu'il prend à eux. Ce ne sera plus votre autorité qu'ils auront peur de choquer, ce sera votre coeur qu'ils ne voudront pas affliger; et vous verrez alors avec quelle facilité la raison passera dans leur âme, à la faveur de ce senti¬ment tendre que vous leur aurez inspiré pour vous. [...]
Je vis encore deux petits enfants, de sept à huit ans chacun, et qui me parurent de très jolies machines; je les appelle machines, parce qu'on les avait seulement dressés à prononcer quelques paroles comme : je suis notre serviteur, vous me faites bien de l'honneur, etc., ce qui ne me plut guère. Eh, mon Dieu, dussent les enfants ne répondre que des impertinences, laissons-leur avoir des pensées en propre. A quoi leur sert ce qu'ils répètent en perroquets ? Écoutons leurs impertinences, et disons leur après : Ce n'est pas cela qu'il faut dire. Rien ne rend leur esprit plus paresseux que cette provision de petites phrases qu'on leur donne, et à laquelle ils s'attendent.Que pensez vous de ce que préconise l'auteur ? Pour ma part je suis entièrement d'accord avec lui. Si vous avez d'autres modes de pensé concernant l'éducation à avoir, n'hésitez pas.